Aime-ton pour l'autre lui-même ou seulement pour ce qu'il nous apporte ?
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12.08.2025 00:59
Aime-ton pour l'autre lui-même ou seulement pour ce qu'il nous apporte ?
Prenons deux amis, ou deux amants. Les deux peuvent entretenir ce que l'on peut appeler "relation idéale", si les deux s'aiment réciproquement. Cependant, peut-on réellement aimer et/ou être aimé ? En effet, quand quelqu'un "aime" son ami, n'aime-t-il pas finalement que la manière dont son ami le fait ressentir ? C'est-à-dire, est-ce que quand on aime quelqu'un, on l'aime réellement pour son existence et la personne qu'elle est, ou est-ce-qu'on l'on pense l'aimer seulement parce ce qu'on aime comment on se sent grâce à cette personne ? Il se peut que vous manquiez à votre ami par exemple, mais est-ce que vous, votre personnalité, votre être, lui manque, ou est-ce-que votre ami est tout simplement nostalgique de comment il se sentait en votre présence. Certains diront que ces deux sentiments s'entre-mêlent, mais, selon moi, ce n'est pas possible. Dans le cas où mon hypothèse est vraie, seul l'amour d'une mère est authentique et dépourvu de l'égoisme que je viens de décrire, le père étant dépourvu de l'amour maternel, et aimant son enfant potentiellement uniquement car il le rend heureux, ou fier, etc. Qu'en pensez-vous ? Je vous remercie à l'avance de votre réponse. Thème proposé par emilie43
Gog
2 interventions
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30.08.2025 19:53
Aime-ton pour l'autre lui-même ou seulement pour ce qu'il nous apporte ?
C’est un peu comme se demander si ce qui nous fait peur, ce n’est pas seulement nos émotions de peur. Il faut plutôt 2 composantes pour obtenir le phénomène que nous appelons « peur » : un objet stimulant et un sujet stimulé. La peur est donc le résultat d’une interaction entre le sujet et l’objet. Je n’aurais pas peur si l’objet ne se présentait pas à moi et non plus si mon bagage et ma personnalité ne faisaient pas en sorte que je sois stimulé par cet objet.
C’est exactement la même chose pour ce qui est de l’amour : il faut un objet aimé et un sujet aimant. Spinoza nous dit d’ailleurs exactement la même chose en d’autres termes, à savoir que l’amour est une joie accompagnée d’une cause extérieure.
Après, la profondeur de l’amour est une question d’ambition, selon mon point de vue. Beaucoup de personnes se contentent de la joie éphémère découlant d’une relation transactionnelle. Je pense qu’il y a beaucoup plus à retirer d’une relation basée sur la recherche partagée d’une certaine plénitude. D’ailleurs, la joie découlant d’une relation transactionnelle n’est-elle pas plutôt à ranger dans le rayon du plaisir ? Le plaisir étant par définition éphémère, tandis que la joie serait un sentiment plus diffus correspondant justement à une sorte de plénitude (ou à une augmentation de la puissance d’exister dans le jargon spinoziste).
Ce n’est donc pas l’égoïsme qui distingue la relation transactionnelle de la relation dite « profonde », mais bien l’amplitude de la recherche. J’ajouterais que la relation profonde repose sur une sorte de pari et d’ouverture au mystère : on ne sait pas ce qui va en sortir. En ce sens, il s’agit réellement d’une « recherche » au sens propre. Les tenants et aboutissants de la relation transactionnelle sont au contraire assez bien balisés.
Modifié par Gog - 30.08.2025 19:53
Gog
2 interventions
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30.08.2025 19:54
Aime-ton pour l'autre lui-même ou seulement pour ce qu'il nous apporte ?
Une dernière remarque sur l’amour d’une mère qui peut également être parfaitement transactionnel : certaine mère cherchent surtout à obtenir la gratification sociale qui accompagne le fait de devenir parent, ainsi que le sentiment d’importance, voire de puissance que confère le fait d’avoir un enfant à sa charge.
Arti
54 interventions
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14.09.2025 14:08
Aime-ton pour l'autre lui-même ou seulement pour ce qu'il nous apporte ?
tout à fait en phase avec vous Gog, sur la pertinence d'une peur ou d'un amour qui ne se définissant pas comme, l'accaparement d'un moment d'insécurité ou de plaisir, nous ouvre à une autre forme de présence au danger ou à l'autre dans son altérité...
donc la question posée : " aime-t-on l'autre pour lui-même ou seulement pour ce qu'il nous apporte ?" serait inopinée si elle n'était qu'une fausse interprétation de la maternité ou plus largement de la présence réciproque, mais il semble qu'être mère ou ami soit déjà un "état" trans-individuel qui encadre ce que vous appelez avec beaucoup de justesse "relation transactionnelle", car selon Aristote l'amitié a plusieurs modes d'expressions, soit pratique pour avoir une faveur, soit usuelle en parité sociale, soit tout à fait gratuite dans le choix réciproque sans autre but, si ce n'est pour ce philosophe, l'entraide aux vertus en vue de la contemplation...
le propos d'Emilie était de distinguer préférentiellement l'amour d'une mère comme ayant une prégnance sur toutes les autres relations aimantes, par l'argument que seule la mère porte un intérêt sans besoin de preuves, ni retour positif à cet amour, mais l'expérience, comme vous le dites Gog, nous montre qu'il y a des nuances dans la relation mère/enfant révélant que l'amour filial est comme tout amour reposant sur une unité de nature, sujet à variations historico-sociales au mieux et à des erreurs en jugement affectivo-familial au pire !
donc pour ma part seule amitié par le choix en vue de la contemplation, peut être porteuse d'un amour de l'autre pour lui-même, puisque, (et ce n'est pas contradictoire) la contemplation ne provient pas de l'un ou de l'autre mais d'une source commune...
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